Avec l’avènement de la numérisation, la consommation d’énergie par les infrastructures informatiques est devenue un sujet d’inquiétude. Celles-ci, notamment les centres de données, consomment une quantité massive d’électricité pour maintenir les systèmes en fonctionnement et refroidir les équipements.
L’importance de réduire cette consommation est vitale pour la protection de notre environnement et pour limiter les coûts d’exploitation.
Prendre la pleine mesure des enjeux
Le numérique représente aujourd’hui 3 à 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre[1] et 2,5% de l’empreinte carbone nationale, (et ceci avec une vitesse exponentielle de croissance de +60% d’ici à 2040, soit 6,7% des émissions de GES nationales !).
Les centres de données sont le cœur des activités informatiques, abritant des serveurs qui fournissent les services numériques. D’un point de vue matériel comme fonctionnel, la recherche de solutions pour réduire la consommation électrique de ces infrastructures est impérative.
[1]Article ARCEP « L’empreinte environnementale du numérique », avril 2023,
Une prise de conscience très progressive des entreprises
1. Green Washing...
… période de sensibilisation des entreprises aux enjeux du numérique responsable
Nous avons connu une première étape dans la sobriété énergétique que l’on a souvent assimilé à du Green Washing. Les différentes COP[1] ont fait émerger des objectifs de réduction des gaz à effet de serre, déclinés au travers de nouvelles normes (14001, EcoVadis…) avec à la clef des indicateurs macro. Force est de reconnaitre que ceux-ci mesurent souvent les intentions des entreprises plutôt que leurs résultats…
Les contrats d’infogérance proposaient hier de planter un arbre en réponse à des engagements de services. Mais sommes-nous réellement capables de dire combien ont été plantés, où ils ont été plantés et s’ils sont toujours « vivants » ? …
[1] COP : Conférences des Parties (États signataires) à la CCNUCC – Conferences of the Parties (COP)
2. Décarbonation matérielle,
… véritable phase d’expérimentation des entreprises face aux enjeux du numérique responsable
Nous sommes ensuite passés à une étape de sobriété énergétique axée notamment sur le cycle de vie des matériels et locaux (Data centers, baies de serveurs, reconditionnement, utilisation de véhicules moins polluants…). Tout en faisant abstraction des activités systèmes et des services y afférant… Les efforts consentis sur le dimensionnement des infrastructures répondaient souvent plus à des contraintes d’optimisation financière qu’à des enjeux de protection de notre planète…
- Virtualisation – En permettant d’exécuter plusieurs systèmes d’exploitation sur un seul serveur physique, elle réduit le besoin de matériel, l’espace nécessaire pour le stockage et la consommation d’énergie.
- Éco-conception de matériel informatique – Cela peut impliquer l’utilisation de composants écoénergétiques, la réduction de la consommation en veille et l’amélioration de l’efficacité énergétique.
- Systèmes efficaces de refroidissement – L’utilisation de techniques de refroidissement plus efficaces, comme le refroidissement par liquide ou le refroidissement par immersion, peut réduire significativement cette consommation.
3. Place de l’urgence climatique
… dans la gestion quotidienne des infrastructures numériques
Nous sommes maintenant dans une nouvelle étape : urgence climatique, pénuries d’eau et d’énergie même dans les pays qui pensaient ne pas en manquer, inflation de toutes les composantes de l’IT… Face à ce nouveau schéma de contraintes, les entreprises se fixent de nouveaux objectifs, moins liés aux enjeux des COP qu’à leur propre survie. Les services doivent dorénavant intégrer ces contraintes. Nous sommes tous impactés.
Cette étape pourrait être catégorisée dans une étape de « demande de priorité n°1 » à traiter dans les plus brefs délais.
Mettre nos services en cohérence avec l’urgence climatique
Le décor est posé. Les ESN, dans leur quotidien de services, sont ainsi amenées à réfléchir à de nouvelles solutions tout en préservant leurs engagements de services actuels (optimisation RSE / niveau de service).
Changer nos méthodes de travail ?
L’optimisation de nos dispositifs et de nos processus est largement engagée. Optimiser notre staffing, c’est optimiser l’impact Carbone de nos ressources comme en témoigne nos bilans carbones. Pourtant il devient complexe de trouver de nouveaux leviers sans entraîner une dégradation des niveaux de services.
Sur ce sujet, aller plus loin peut devenir contre-productif car les effets induits par de nouvelles automatisations pourraient générer des pertes d’efficience voire de gâchis en termes d’économie d’énergie.
Utiliser de nouveaux outils/solutions ?
Les éditeurs communiquent encore peu sur le sujet de la décarbonation et les approches d’éco-conception logicielle tardent à être déployées. VMWare, Citrix, Red Hat, Microsoft, AWS, AZURE… proposent des solutions encore à l’état embryonnaire pour mesurer l’impact énergétique de leurs outils ou de ceux qu’ils hébergent. Les outils de préconisation d’évolutions des applications pour réaliser des économies d’énergie n’existent pas encore réellement.
En tant que client AZURE, chacun peut cependant dès aujourd’hui accéder à ces informations, à la demande. Les outils proposés ont encore des fonctionnalités limitées.
Il y aura certes une réponse de la part des éditeurs. Mais quand seront-elles accessibles au plus grand nombre ?
Accompagner les pratiques d’hébergement
Le mouvement vers le Cloud est dorénavant la norme. Il est devenu synonyme de performance, de coûts maîtrisés, de sécurité.
Il y a cependant un « mais » : de nombreux Cloud Providers de premier plan se font épingler sur des consommations d’eau et d’énergie bien supérieures aux données qu’ils communiquent.
Les DSI doivent aujourd’hui intégrer cette problématique et définir des stratégies plus fines de gestion de leurs hébergements : compilation just-in-time[1], choix des hébergements (cloud/hybride/non cloud), modes de provisionning en fonction des besoins horaires, gestion des décommissionnements dans le Cloud…
Les ESN peuvent jouer un rôle dans cette transformation en intégrant dans leurs catalogues de services ces prestations d’optimisation outillées, en standard.
[1] Source : D2SI, eco-conception
Changer les modes de fonctionnement
Le DevOps apporte la culture, les méthodes et les outils permettant aux Dev et aux Ops de mieux se comprendre, se répartir les tâches et surtout communiquer.
Les économies d’énergies… Voici un sujet de communication, de répartition de tâches et de compréhension mutuelle ! Ces sujets d’économies d’énergies doivent être abordés à l’initiative des équipes Ops. L’éco-conception, c’est cela aussi !
Les DSI qui sont à l’aise avec les organisations DevOps disposent ainsi d’un atout pour une mise en place rapide de nouvelles pratiques économies d’énergie dès la conception applicative.
Conclusion
Nous en sommes aujourd’hui à la troisième étape. Peut-on déjà parler d’une quatrième en cours de préparation ? Elle n’a pas encore de nom ou d’image officielle, comme c’est le cas pour le DevOps par exemple, mais :
- La prise en compte des niveaux de consommation d’énergie en Data Center devient réelle ;
- L’urgence est bien souvent partagée (certains de nos clients se sont déjà fixé des objectifs de diminution de 25% dès 2025) ;
- Les moyens humains et techniques existent.
Consort s’engage structurellement dans cette démarche, en proposant une démarche opérationnelle et pragmatique d’accompagnement à une prise en compte optimisée et complète de vos engagements climatiques.